Syndrome de retard de phase de l'enfant

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Caractéristiques du syndrome

Définition

  • Décalage de rythme circadien veille/sommeil se manifestant par :
    • Un endormissement très tardif le soir, généralement plus de 2h après l’horaire conventionnel ou souhaité
    • Un réveil spontané également très tardif en fin de matinée voire début d’après-midi si l’enfant n’est pas soumis à une contrainte horaire
  • Le sommeil est de bonne qualité et de durée normale en l’absence de contraintes.
  • En cas de réveil « forcé » à un horaire socialement conventionnel dans le cadre de la scolarité, l’enfant peut présenter :
    • De grandes difficultés à se réveiller le matin nécessitant l’intervention répétée des parents
    • Une confusion matinale et/ou une somnolence importante, en particulier entre 8h et 10h
    • Au contraire, une agitation marquée dans la journée, avec un enfant décrit comme « hyperactif »
  • Le syndrome de retard de phase, bien que rare chez l’enfant, peut survenir à tout âge. On note un pic de prévalence durant l’adolescence, en lien avec les multiples changements environnementaux, physiologiques et hormonaux qui surviennent durant cette période.

Manifestations associées

  • Elles sont parfois au premier plan :
    • Absentéisme scolaire, retard chronique en classe, difficultés scolaires et troubles de la concentration
    • Agitation marquée la journée voire hyperactivité associée à des siestes inopinées
    • Labilité émotionnelle, enfant irritable
    • Forte résistance au coucher

Facteurs favorisants

  • Antécédents familiaux de troubles du rythme circadien
  • Utilisation fréquente des écrans jusqu’au coucher
  • Chronotype « du soir »
  • Troubles neuro-développementaux : TDAH, Troubles du Spectre Autistique
  • Dépression, phobie scolaire

Faire le diagnostic en médecine générale

  • L’anamnèse est en adéquation avec les critères cités ci-dessus objectivés par un agenda du sommeil rempli pendant 14 jours. Lien ici

Exemple d’agenda du sommeil :

Agenda sommeil retard de phase
Figure 1 – Dauvilliers Y. Les troubles du sommeil. Elsevier Health Sciences; 2019 (Page 204-Figure 15.3)

Diagnostics différentiels

  • Insomnie comportementale :
    • Lorsqu’on donne l’occasion à l’enfant de dormir sans contraintes horaires, les difficultés d’endormissement sont présentes quel que soit l’horaire de coucher.
      Il existe fréquemment des réveils nocturnes associés aux difficultés d’endormissement.
      Le réveil matinal peut-être légèrement décalé mais il n’est pas aussi tardif que lorsqu’il existe un syndrome de retard de phase.
  • Hypersomnolences (narcolepsie, hypersomnie) :
    • Il peut exister les mêmes symptômes diurnes (réveil difficile, siestes inopinées associées à une agitation diurne), mais la latence d’endormissement est bien moindre (en général, moins de 8 minutes lors d’un TILE). La quantité de sommeil totale sur 24h est supérieure d’au moins 2h à la norme pour l’âge (cf: tableau), et les symptômes diurnes persistent, même lorsqu’une dette de sommeil potentielle est compensée. Le sommeil est fréquemment agité et jugé peu réparateur.
Temps de sommeil normal pour l'âge
Age de l'enfant 0-3 mois 4-11 mois 12-24 mois 3-5 ans 6-13 ans 14-17 ans
Durée de sommeil moyenne recommandée 14-17h 12-15h 11-14h 10-13h 9-11h 8-10h
  • Syndrome d’apnées du sommeil :
    • Il n’y a pas de difficultés d’endormissement. Le sommeil est fréquemment perçu comme agité et peu reposant.
      Les ronflements nocturnes et les pauses respiratoires y sont souvent associés. Il peut y avoir des réveils nocturnes fréquents, une énurésie, une transpiration nocturne excessive, un sommeil agité, des céphalées matinales…
      Les symptômes diurnes persistent, même lorsqu’une dette de sommeil potentielle est compensée
  • Hygiène de sommeil insuffisant ou déficit de sommeil simple
  • Rythme veille/sommeil normal avec rythmes décalés de manière intermittente, sans retentissement ni gêne fonctionnelle

 

Que faire ?

  • Mettre en application les règles d’hygiène du sommeil de manière stricte :
    • Éviter la consommation d’excitants (sodas, boissons chocolatées, traitements etc…)
    • Promouvoir une activité physique quotidienne suffisante en journée, pratiquée plus de 2h avant le coucher
    • Éviter l’exposition aux écrans, en particulier le soir
    • Mettre en place des horaires de levers matinal strictes et réguliers, y compris les jours sans contraintes horaires (vacances, w.ends et jours feriés)
    • Favoriser l’exposition à la lumière du jour, notamment durant la matinée
    • Éviter les siestes
  • Dépister et prendre en charge les troubles psychologiques associés
  • En cas d’échec : Avis spécialisé en médecine du sommeil pour éliminer un diagnostic différentiel et instaurer une photothérapie ou une chronothérapie si nécessaire

 

Sources

  • Adan, A. et Almirall, H. (1991). Horne & Östberg morningness-eveningness questionnaire: A reduced scale. Personality and Individual Differences, 12(3), 241‑253. doi:10.1016/0191-8869(91)90110-W
  • American Academy of Sleep Medicine et Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil. (2014). Classification Internationale des Pathologies du Sommeil. Traduite de L’International Classification of Sleep Disorders third version (3ème Edition).
  • Challamel, M.-J., Franco, P. et Hardy, M. (2012). Le sommeil de l’enfant (Masson).
  • Dauvilliers, Y. (2019). Les troubles du sommeil. Elsevier Health Sciences.
  • Drake, C. (s. d.). ECHELLE PEDIATRIQUE DE SOMNOLENCE DIURNE (PDSS), 1.
  • Hirshkowitz, M., Whiton, K., Albert, S. M., Alessi, C., Bruni, O., DonCarlos, L., … Ware, J. C. (2015). National Sleep Foundation’s updated sleep duration recommendations: final report. Sleep Health, 1(4), 233‑243. doi:10.1016/j.sleh.2015.10.004
  • Léger, D. (s. d.). Le temps de sommeil en France / Sleep Time in France, 30.
  • Sivertsen, B., Harvey, A. G., Lundervold, A. J. et Hysing, M. (2014). Sleep problems and depression in adolescence: results from a large population-based study of Norwegian adolescents aged 16–18 years. European Child & Adolescent Psychiatry, 23(8), 681‑689. doi:10.1007/s00787-013-0502-y
  • Taillard, J. et Mullens, E. (2019). Republication de : Les outils validés pour le diagnostic des troubles du rythme circadien veille-sommeil (TRCVS) chez les adultes et enfants. Médecine du Sommeil, 16(3), 169‑173. doi:10.1016/j.msom.2018.12.003
  • Thirion, D. M. et Challamel, D. M.-J. (2011). Le sommeil, le rêve et l’enfant (Albin Michel).
  • TILE-RECO-SFRMS.pdf. (s. d.). Repéré ici

 

Publié le 22 mai, 2022