Parasomnies : Eveils confusionnels, terreurs nocturnes, somnambulisme

paragraphe

Définition

  • Parasomnie : Épisode de réveil dissocié, survenant en phase de sommeil lent profond 
  • Survenue très fréquente chez l'enfant, à la fin de la 1ère phase de sommeil lent profond, avant la 1ère phase de sommeil paradoxal, dans les 3 premières heures suivant le coucher.
  • Il s’agit d’un trouble de l’éveil : les capacités cognitives restent très altérées voir absentes durant les épisodes, comme lors du sommeil lent profond, mais les capacités motrices et les fonctions végétatives sont maintenues.
  • L’étiologie de ces troubles est mal connue
  • Elles sont favorisées par un sommeil profond très intense, ou au contraire instable et fragmenté, avec beaucoup de micro-éveils.
     

Caractéristiques des différentes parasomnies

Tableau descriptif des terreurs nocturnes, éveils confusionnels et somnambulisme

  Terreurs nocturnes Eveils confusionnels Somnambulisme
Manifestations

- Début brutal, en général par un grand cri
- Manifestations de terreur intense : tachycardie, respiration rapide et/ou difficile, sueurs intense, cri initial +/- pleurs, paroles incohérentes
- L’enfant parait éveillé mais ne semble pas voir
- Agressivité voire échappement en cas d’intervention. L’enfant peut sortir du lit pour échapper à l’intervenant.
- Enfant endormi, non réveillable

- Début progressif : grognements puis pleurs éventuels, peut s’apparenter à un caprice
- Enfant semblant éveillé, yeux ouverts mais prononce des paroles confuses, incohérentes
- Pas de manifestations de peur associées
- Agressivité voire échappement en cas d’intervention. L’enfant peut sortir du lit pour échapper à l’intervenant.
- Enfant endormi, non réveillable

- L’enfant se lève, sort de son lit, se déplace et effectue des mouvements élaborés.
- Les yeux sont ouverts et le visage inexpressif, l’enfant ne semble pas voir ni entendre.
- Mouvements lents et maladroits
- Enfant docile si on n’essaye pas de le réveiller, se laisse raccompagner jusqu’à son lit
- Risque accidentel exceptionnel

Age de survenue

Petite enfance principalement
Pic de fréquence : 18 mois

Enfance principalement
3 ans – 13 ans

Enfance et pré-adolescence mais possible dès l’âge de la marche
Pic de fréquence : 10 ans

Prévalence

Diminue avec l’âge : 37% à 18 mois, 5,3% à 13 ans
Peuvent persister à l’âge adulte

17% entre 3 et 13 ans

Augmente avec l’âge : 3,6% à 30 mois, 13,4% à 10 ans
Peuvent persister à l’âge adulte

Durée des épisodes Courte : 1 à 10 minutes De quelques minutes à 1h Courte : < 10 minutes en moyenne
Fréquence de survenue du trouble

Occasionnel
Rarement répétitives (1 à 3%)

Accès fréquents Occasionnel
Signes différenciatifs Les enfants sujets aux terreurs nocturnes sont plus sujets au somnambulisme ensuite Parfois plusieurs épisodes dans la nuit, survenue possible lors des siestes Les enfants sujets aux terreurs nocturnes sont plus sujets au somnambulisme ensuite

Caractéristiques communes aux parasomnies

  • Survenue en 1ère partie de nuit, 1 à 3 heures après l’endormissement en général (à l’endormissement, durant le sommeil ou au cours d’éveils partiels)
  • Caractère familial et héréditaire : 40 à 60% d’hérédité en cas de parasomnies chez l’un des parents
  • Amnésie partielle ou complète de l’épisode et absence de rêve associé raconté en cas de réveil. 
  • Confusion/désorientation persistante quelques minutes après la fin de l’épisode si on réveille l’enfant
  • Résistance à la consolation voire agressivité et échappement en cas d’intervention d’une tierce personne
  • Enfant très difficilement réveillable (propre à la phase de SLP)
  • Facteurs favorisants :
    • Manque de sommeil
    • Irrégularité des rythmes veille/sommeil
    • Surexposition aux écrans, en particulier le soir et en cas de contenu violent
    • Élément perturbateur (entrée en crèche, arrivée d’un autre enfant…)
    • Anxiété importante
    • Pathologie aiguë intercurrente
    • Activité physique trop tardive/trop intense
    • Boissons trop abondantes le soir entrainant des micro-éveils fréquents par distension vésicale
  • Les épisodes peuvent être déclenchés par un bruit ou une lumière vive (vibration du téléphone, flash lumineux etc…)
  • La survenue des parasomnies n’est pas reliée à une pathologie psychologique, même si elles sont favorisées par le stress et l’anxiété

Terreurs nocturnes ou cauchemars ?

 

Terreurs nocturnes

Cauchemars

Moment de survenue

1ère partie de nuit, sommeil lent profond

2ème partie de nuit, sommeil paradoxal

Description du trouble

Trouble de l’éveil en phase de sommeil lent profond : l’enfant semble éveillé alors qu’il ne l’est pas

Réveil provoqué par un très mauvais rêve en phase de sommeil paradoxal

Manifestations

Les pleurs et les signes de peurs ont lieu alors que l’enfant est endormi

Les pleurs débutent après le réveil

Souvenirs de l’évènement Aucun Présent, enfant capable de raconter son rêve
Réaction à l’intervention L’intervention provoque agressivité et évitement. L’enfant ne supporte pas d’être touché Intervention indispensable pour rassurer l’enfant
État de vigilance L’enfant a les yeux ouverts mais semble absent, confus Enfant parfaitement réveillé
Persistance après l’épisode Disparition des signes de peur quand l’enfant se réveille réellement Peur persistante après le rêve
Retour au sommeil Rapide et sans difficulté, spontané Parfois difficile si la peur persiste
Age de survenue Toute petite enfance (pic de fréquence entre 18 mois et 3 ans) Petite enfance (pic de fréquence entre 3 et 6 ans)

 

Quand s’inquiéter ?

  • Fréquence anormale des épisodes : > à 1 fois par semaine
  • Episodes très stéréotypés, exactement similaires d’une fois sur l’autre
  • Répétition plusieurs fois au cours de la même nuit
  • Episodes de très courte durée (< 1 minute)
  • Survenue dans la journée, en dehors des périodes de sommeil
  • Somnolence diurne associée
  • Perturbation familiale importante
  • Mise en danger, violence importante
     
  • Dans ces situations, avis spécialisé requis auprès d’un spécialiste du sommeil :
    • Réalisation d’une vidéo-polysomnographie* pour éliminer un diagnostic différentiel ou une pathologie associée (épilepsie nocturne, trouble dissociatif du sommeil, SAOS, etc…) 
    • En l’absence de pathologies, les traitements envisagés pourront inclure une prise en charge psychologique en cas de terrain anxieux, l’hypnose et la relaxation, voire un traitement médicamenteux discuté au cas par cas.
       

Conduite à tenir en l’absence de signes d’alerte

  • Rassurer : Expliquer aux parents et à l’enfant le mécanisme du trouble, son caractère fréquent et bénin. Expliquer l’évolution favorable
  • Expliquer la conduite à tenir en cas d’épisode :
    • Ne pas chercher à réveiller l’enfant
    • Le raccompagner doucement dans sa chambre en cas de sortie du lit
    • Il est inutile de relater l’épisode à l’enfant le lendemain. Il n’aura pas de souvenir de l’événement et le rappel peut provoquer une anxiété réactionnelle les nuits suivantes, favorisant les récidives.
  • En cas de somnambulisme, protéger l’environnement : Éviter les meubles dangereux, sécuriser portes et fenêtres, installer une barrière de sécurité en présence d’escaliers.
  • Veiller à ce que l’hygiène du sommeil soit respectée :
    • Mettre en place des horaires de coucher/lever et siestes régulières
    • Éviter l’exposition aux écrans, en particulier le soir
    • Éviter la pratique d’une activité physique trop intense durant les heures précédant le coucher 
    • Éviter la consommation de boissons trop abondantes dans les heures précédant le coucher
    • Éviter la consommation de caféine ou de boissons énergisantes (sodas, boissons chocolatées…)
    • Favoriser un environnement de sommeil calme, sans perturbations auditives ou lumineuses.
       

Diagnostics différentiels et pathologies associées

  • Épilepsie nocturne : Episodes très stéréotypés, souvent courts, répétés plusieurs fois au cours d’une même nuit, pouvant survenir lors des siestes et en journée. Il peut exister une dystonie et/ou un retard de développement psychomoteur associés. 
  • Troubles dissociatifs liés au sommeil : Ils impliquent une composante psychopathologique. Leurs manifestations peuvent être similaires aux parasomnies : Episodes de déambulations, fugues nocturnes, cris, gémissements et/ou comportements hétéro ou auto-aggressif. Ils peuvent reproduire ou être favorisés par un évènement traumatique. Ils sont différenciés des parasomnies du sommeil lent profond à l'aide de la polysomnographie.
  • Trouble du comportement en sommeil paradoxal : Trouble rare, associé aux pathologies neuro-dégénératives (syndromes parkinsoniens), survenant plutôt en fin de nuit
  • Rythmies du sommeil : mouvements répétés qui surviennent à l’endormissement et/ou lors des micros-éveils entre les cycles de sommeil
  • Prise de médicaments confusogènes (anxiolytiques, antipsychotiques) ou drogues
     
  • Pathologies fréquemment associées en cas de parasomnies trop fréquentes : Pathologies entrainant une fragmentation importante du sommeil :
    • Syndrome d’apnées du sommeil 
    • Reflux Gastro-Œsophagien 
    • Syndrome des jambes sans repos et mouvements périodiques des jambes
    • TDAH 

Sources

1.     Childhood Sleepwalking and Sleep Terrors: A Longitudinal Study of Prevalence and Familial Aggregation | Genetics and Genomics | JAMA Pediatrics | JAMA Network [Internet]. [cité 11 janv 2022]. Disponible ici
2.     American Academy of Sleep Medicine, Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil. Classification Internationale des Pathologies du Sommeil. Traduite de L’International Classification of Sleep Disorders third version. 3ème Edition. 2014. 
3.     Laberge L, Tremblay RE, Vitaro F, Montplaisir J, PhD C. Development of Parasomnias From Childhood to Early Adolescence. Pediatrics. 1 juill 2000;106(1):67‑74. 
4.     Weick D. Le sommeil de l’enfant et ses troubles‎: reconnaissances et pratiques des professionnels de santé‎: enquête auprès des médecins généralistes de Savoie. :134. 
5.     Challamel M-J. Le sommeil du tout-petit. Une lecture pratique et scientifique. Philippe Duval. 2020. 
6.     Dauvilliers Y. Les troubles du sommeil. Elsevier Health Sciences; 2019. 457 p. 
7.     Bathory E, Tomopoulos S. Sleep Regulation, Physiology and Development, Sleep Duration and Patterns, and Sleep Hygiene in Infants, Toddlers, and Preschool-Age Children. Current Problems in Pediatric and Adolescent Health Care. 1 févr 2017;47(2):29‑42. 
 

Publié le 22 mai, 2022